- Dans l'abondance sauvage du futur -

Claude Guibbert - avril 2004 -

Fond d'écran inédit de l'auteur – RUBANISMES – détail -


« Les horizons attirent les yeux de nos sentiments » -F. Picabia.


Louée sois-tu!
Corne nomade
Fille fidèle
Du trottoir des courants d'air

Que tu sois image
Ou que tu sois mirage
Peu me chaut
Bohémienne abondance
Car en tous lieux je t'aime
Tout autant que l'on aime
Pour autant que l'on hume
Les fragrances intenses
D'un parterre de belles-de-nuit


Jette les dés
Palinodie
Abats les cartes
Des fêtes troubles

Cache ton sein
Hôtesse d'abondance
Fille perfide
Garde tes sous
Et tes dessous

Dans le lit des petits-matins
De la concupiscence
Je décline le leurre
De tes tartines intestines

*

Femmes
Femmes de nos vies
Femmes sources de vies
Femme
Femme fée
Femme couronnée de Lune
Femme relais
Femme dame-Jeanne
Femme qui figure
Femme qui préfigure
Femme qui configure

Femme
Après le cri de la vie
Toi seule connaît l'intime limite
De cette force
Vibrante et délivrante
Qui s'apaise en cet instant
Faisant de nous
Notre prochain
Ce nouveau passant
Révocable

L'âme nubile
D'une ingénue
Devenant femme trame
Son filigrane
D'échographie

le 7 mars 2004.

*

Vagissements dans le berceau
- État de grâces -
Te voilà devenu
Dans l'essor de l'effort
Citoyen-obligé
D'un lente métamorphose

Tu rêves sous ton aile
Tu rêves donc tu es
Tu rêves donc tu crois
Que tu es sous ton aile
Tu couves ton credo
Et tes œufs d'or
Décrochés de la lune
Dansent sur tes jumelles

Dans l'ombilic du monde
Situé constamment
Au centre du futur immédiat
Tu seras flagorneur
De l'assujettissement
Ou tu ne seras guère
Qu'un placenta qui se rebelle

Ne cherche pas
L'infidèle noyau
De l'incommensurable
Le fœtus du futur
Parangon de fertilité
Meurt toujours dans l'essence
De sa propre naissance

Seul demeure
L'hydre des conséquences

Et si tu rêves trop longtemps
Tu vaqueras reclus
Sur le parcours des aigles
Chorégraphe autoproclamé
Du cimetière des chimères

*

Le poète recrute
Son délire d'iconoclasme
Dans l'onanisme fendu
Des lendemains

Le sexe du texte
Cultive
Le culte auguste
De la sève des vers
Parfumés à la fleur des mots

Alors transparaît
En son endroit
La quintessence
De l'océan
Transparent et mobile

L'étrange
Virginal
S'emporte et virevolte
A la manière
D'une sardonique tornade
Dans sa traversée du désert

Le démon de ta vie
Éclabousse le zéphyr
De ta blanche conscience
Tapie dans le ciment
De ta lucidité

*

Plagiant
Le geste du cocher
Sans répit tu fouettes
Le Taureau embusqué
Canon des astres
Dans la géométrie
De ta galaxie

La rumeur se délite
Sur le contour du silence
Jardin d'abondance
Où le bonheur
Construit les vapeurs
Qui dialoguent avec
Le commencement
Du ciel

Pas d'éloges
Pour l'horloge
Du futur
Qui s'arroge
L'exclusivité
Du Léviathan
De l'éternité

*

On voudrait voir
S'élever plus souvent
Le bonheur de la vérité
Dans le creux des vagues
De la chevelure
Ensorcelée du vent

On demeure continuellement
En décalage
Sur la lisière
Du fil du rasoir
De son âge

Ne fustigeons pas
Le miroir qui enjambe
Le fleuve à malice
Dont la surface lisse
Pourrait bien être
Saupoudrée de bienséance

*

C'est la musique de la neige
Dont les pétales meurent
A travers l'œil-de-bœuf
Qui parle le mieux
Au Silence

C'est la descente piquante
Du blanc manteau de l'hiver
Sur l'escalier de l'horizon
Qui nous réapprend
La Sérénité

C'est la porte fermée
Et la chaleur
De la cheminée
Qui vont nous conduire
A cheminer
Au rythme du rite
De la Réciprocité

*

Isolé
Dans l'épicentre
Du moyen-âge
De son voisinage
L'humain-araignée
Sans aucun but
Éjacule sans fin
Le cœur du centre de sa toile
Dans le temps partagé
De la ville
Des rues sans noms et sans amour
Désolé


*

Avantage ventru
Chu des nues de l'inconnu
Long métrage d'un scénario obèse
Où jubile ma vie
Vagues suppléments d'âme
Charroi pentu
Des plages fendues
De sable fin
Du temps latent

Séduis-moi!
Ô! lucide sirène
Spirituelle jeunesse patriarcale
Petite sœur des lendemains

Déesse d'ambroisie
Accorde à mes jambes ingambes
Le pluriel de la solitude
Amant
Poivre et sel de la vie
Aimanté par l'après
Aimant
Dans son élément

*

Les bulles de béton
De la garance urbaine
Me parlent de la vie
De ces tiroirs de luxe
Et des pavés qu'on jette
Dans la mare
Du tintamarre
L'ubac vertical
Des charades de lucre sombres
Sombre dans le verso
De son ombre portée

Je loue le firmament
De ton œil aérien
De soleil ou de pluie
Qui m'exhorte Manès
D'aiguiser l'analyse
Du préalable
De mes assentiments

*

Garde ta bulle dans ta main
Regarde
Dans tes lunettes du lendemain
Cueilles
A fleur de peau
Recueilles dans tes mains
Les liasses
De feuilles des regards
Emportées par le vent
Du destin clandestin

Bande tes écoutilles
Et parle-moi
Parle-moi de tout
Parle-moi du contraire
Je te parlerai aussi
De tout et du contraire
Ainsi que du contraire
Du contraire

Bénis le pain blanc
De la paix de naguère
Bénis le paisible poussin
Bénis l'œuf opaque
Des lendemains

*

Est-il toujours utile
De traire la voie lactée
Intacte dont acte
Et les critères des cratères fumants
De l'arbitraire horoscope
Aux perles de lait étalées
Sur la couche blanche
De Junon

Vole torride taureau
Commis des comètes
Vole pour tes images
Vole au hasard des astres
De désastres en destinées
Ange ou démon vole
Vole le Carpe-diem
De la démagogie

*


Sous sa mantille
De tulle incandescent
L'aube indécente
Lève le voile
Sur son ciel de brique

Couchée sur l'ocre du papier
Une plume fantasque
Caresse la joliesse
Des dessous de la lune
Peau d'orange céleste
Callipyge à califourchon

L'extrémité d'un index
En toute intimité
Se pose avec délicatesse
Sur les lèvres charnues
D'une bouche de lune

Frustré de tout baiser
Poète platonique
De ta lyre délire
Quand les plumes de lune
Volent sur tes épaules
C'est le génie
En l'honneur sublimé
Qui neige ses pelures
Sur le sel de ta chevelure

*

Humilié
L'animal dressé
Ou fier de l'être

Humilié
L'homme affaibli par le vide
De l'océan de la vie
Dont l'œuvre pâlie
S'en va à vau l'eau

Est-il utile de débarquer
Sur les langues de sable
Des plages de la mer morte
A la délivrance
De l'ignorance perdue

Nul ne révoquera le soliloque
Tant que l'herbe
Prête à couper
Poussera sous le pied
Mais que restera-t-il
Du caviar
D'une vie de paroles

*

Sur le fait des bienfaits
Ne nous leurrons pas
Sachant que le hasard
N'a pas de comptes à rendre
Au futur immédiat

Le silence est interne
A l'école de la conscience
Sa vérité
Pour s'évader doit s'élever
Par delà le mur
Sur les frêles épaules
De la prescience
Dans le but d'épier
Le rite cristallin
De l'intransigeance
Pendant qu'il tient la main
A l'office des lendemains

*

Que cherchent les regards
Empruntés ou complices
Du carnaval quotidien
De la promiscuité?

Dans les rets d'un regard
Je me plais à bercer
L'enfance de la plénitude
Parfois

Tombant souvent de haut
Dans de bas aléas
Quel est le bénéfice
Du désenchantement

Une société
De silence fossile
Est complice des coups de griffes
De l'idiome du bénéfice
Souvent

Poète
Ermite de ta chambre d'ambre
Prohibant l'infinitude
Tu déshabilles les vétilles
Du bénéfice
Toujours

*

Quand nos yeux sont ouverts
Carrefours vibratoires
Sur le tarmac d'ici
Les bulles magiques de l'instantané
Se posent et explosent
Libérant leurs présents
Dans la poussière fugitive
Des cendres chaudes qui déménagent
Invitées à co-habiter
En l'abondance des lendemains

*

C'est décidé
Je sais pourquoi
Je vieillirai plus
Je ne pharaoniquerai pas

Je vais de ce pas
Me passer du passé
Martelé de fastes
Ou de désastres
On ne vent point
Les astres pour le prix du vent

Je ne suis rien
Qu'un appendice de la mer
Qu'un éther immergé
Dans le futur
Que personne ne loue
Locataire
De l'hypogée de l'exhaustif
A la mode gravée
A l'envers sous le marbre

Je ne suis rien
Qu'un original
Telle une chapelure
De pain d'épices
Réoriginalisé

A quoi pourrait servir
Le culte occulte
Du nombril du lendemain
Il faudra tous un jour
Sans se retourner
Abandonner
Sur la route du sel
L'ultime placebo de l'envie

Je me dois enfin
De rendre grâce
A la pelote de grâces
Que j'ai toujours
De bonne grâce
Patiemment dénouée

*

Avant que la paranoïa
Ne caresse à rebrousse plumes
Le dos courbé
D'une mélancolie
(A qui je n'entends pas
Donner vie)
J'ai désarçonné la colère
Connue pour être cavalière
Et je vais désormais
En tous sens
Et en tous lieux
Pactiser avec la Liberté

*

Dans la maison des mots
Le meilleur d'entre tous
Est peut-être celui
Qui tenu à l'écart
Nourri du vent des circonstances
N'a pas encore été
L'élu du concours d'exister

Au delà de la langue de bois
Devenir Poète-mémoire
Suspendu
Entre émotion et sensation
Poète-giroflée
Houille blanche des gargouilles
De sa civilisation

Sur le chemin de ma raison
J'ai brisé le ciment
De mes balbutiements
Ruse
Hiérarchie enchanteresse
Enivre-moi de vin nouveau
Fermenté au hasard de tes
Muses

Ringarde sauvegarde
Ô lucide Poète
Quand le canon fébrile
Censure tes figures
De sensualité
Toute haine à la chaîne
Ne vaudra guère mieux
Que la jambe de bois
Du soldat
De la sincérité

Sur la route du doute
Je m'adonne
A la virginité

*

Météore nomade
Tu marches sur le fil
De ta métamorphose
En tous sens de la vie

Hume! la musique
Celle qui décante
Faits et dates
Plus tous les bienfaits
De ton auguste scénario

Dévore! les fragrances
Et laisse s'écouler
Le miel providentiel
De tes songes pluriels

Écoute! L'ascension
Des ronds de fumée
Dispensés par l'élévation
De tes intenses pensées

Regarde!
Tes sensations à fleur de pouls
Déchaîne
La chaîne de ton collier
De perles d'antan

Saisis!
L'arbre témoin
De la terre des chemins
Sur des parchemins dépassés
Sème et récolte!
La Sérénité
Qui touche au truisme
De l'Altruisme

*

Toi le temps!
Métronome régulateur
De la barque baroque
De l'enfer des autres

Toi! Le temps
Qui me condamne
Obstinément
Aux semelles lestées de plomb

Toi! Le temps
Du credo arrosoir
Et du crédit de la passoire

Toi! Le temps
Devenant gourd
Qui neige sur mes privilèges

Toi! Le temps
Des mirages

Toi le temps
Précédant le silence
Repense tes cadences
J'ai divorcé de toutes transes
Et dompté la colère
Ma divine poésie
Garde la tête légère

*

Banqueroute généreuse
Au détour de vingt mille jours
Où tu reste terrestre
Encordé
Au fil-d'Ariane
Des lendemains

L'inconscience
Dans l'opulence
Se met en transes
Et décadastre
L'onirique cheminement
Des chastes châteaux du filament
Marionnette de lune

Fidèle poète
Depuis ton crépuscule
Tu peux t'offrir la Lune
Claque tous les centimes
Issus des poches
D'une ultime infortune
Sans une seule issue

*