Frissons et peau-session.

Claude GUIBBERT – 2005 -
publié en recueil aux Éditions – En Marge – QUEBEC-CANADA -

Fond d'écran création de l'auteur – ELLES à HLUBOKA -


«Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.»....

-
Charles Baudelaire – La mort des amants.


Devenir le regard du poète
Ne plus voir la vie
Qu'à travers
Le sillage des mots
La part belle
Héritage heureux
Des frissons dans le dos
.


Elles!
Ont-elles voulu porter
Au gré d'un vent magique
Le silence intérieur
Sous leurs ailes fossiles
Doux écrin de satin
Pour leur ambre-saphique

Elles!
Courtisanes des corps
Et disciples fidèles
D'un
e lové dans l'o
Tendres hémisphères
Dérivant en hiatus
Vers la terre permise

Elles!
Douces sœurs des douceurs
Rebelles
De la nacelle de leurs prunelles
Éclairent de volupté
Le parvis du futur
De leur marguerite effeuillée

***

à Juliette GRECO!

Porosité Guibbertine et Gauguine

Jolie môme!
À notre intimité
J'intime d'étancher
La soif de ton envie de lyre
Sevrée
D'un poème suprême
Sous ta rétine Guibbertine

Virtuelle Gauguine-ingénue
Sous tes dessous ténus
Court le bonheur rêveur
Que ton corps alangui
Incorpore à l'instant
Clandestin du décor

Doucement caressées
Les pages souples de l'ouvrage
Roulent sous la délicatesse
De ton index humidifié
Pas à pas
Tel un funambule
En recherche
D'intenses sensations ascensionnelles

Balançoire tendue
Où la pupille oscille
Entre les mots de l'homme
Et l'âme

Au miroir du jardin
De ta claire fontaine
Tu vois un poète
Gourou
De l'harmonie prégnante

Tu le veux lumineux
Il t'apparaît rayonnant

Tu le veux tendre
Il se révèle romantique

Tu le veux dispos
Il se découvre disposé
À ta merci
Entre tes doigts
Poreuse inclinaison
Tu aimes
Tu lis
On s'aime on se lie

Dans l'osmose inconnue
La chair sustente le verbe
L'ostentation alimente le rêve
Le rêve tentera la chair

Jardins secrets dépaysés
Où murmurent les liserons
Rendez-vous des faveurs
Sous la pergola de leur âme

***

Quand l'immédiat d'une vie
Défriche la piste
De l'épistolaire
Le sourire invisible
De l'ange du sublime
Plonge sa plume d'or
Dans un bain parfumé
De couleurs et de brumes
Tel le soleil couchant
Quand l'horizon se fond
Doucement dans la mer

***

à CHICO et ses Gypsies

Une guitare hurle!
Une guitare pleure!
Une guitare parle
À la fille du vent
- Flamenca -
Les cordes de gypsies
Enrubannent ses mains
Dans le fuseau de grâce
D'un érotisme furibond

Sémillante gitane
Dans un magnétisme insolant
Un clair-obscur concupiscent
Croque ton corps en filigrane

Ivre d'incantations
Le ban autour de toi
D'un élan sans pareil
Fait claquer ton drapeau

Et tes mille volants
Confondent leurs hélices
Portées par le délire
De la complicité

Ton ire sans courroux
Génique et volcanique,
Tel un brasier de lave
Crépite sous tes pas
Sous l'écorce du vent
Ton vent fiévreux
Ensorcelé de plénitude

***

Sur une page blanche
Près du b
uvard bavard
Tu déflores le temps
En butinant
Florès

Mille raisons ardentes
Fusent et te refusent
Éphémères ou prospères
La spirale
D'oser

Futile autant qu'utile
Tu sens et tu pressens
L'arpège des couleurs
Rose

Et tu fermes les yeux
Tu muses chez les Muses
Scrutant l'instant à naître
Puits d'images magiques
Poème

Tu marches sur le charme
Les dires les désirs
Frontière « du mourir »
Mini-mort
Éros

Pour que s'épanche
Ta carte blanche
Poète grisé
Aime!
Aime ce vin
Primeur de vérité
En l'honneur partagé
Par des lèvres de Muses

Ose
L'éros
Rose
Poème
Aime


***

Démolir le mur de la honte
Où telle mégère rigide
Crache le sel acrimonieux
De l'amertume

Musicaliser la rancune
Au son d'un hymne
A la joie
D'une nuit
Offrir le frisson
D'un ciel partagé

***

A fleur de peau
Du tambour mental
Entendre le roulement sublime
D'un émoi couronné
Et dans l'embellie
Du délice des peaux enragées
Le désir coule aussi
Dans le miel du regard

***

Originel
L'interdit projeté
A travers l'arrogance d'un fruit
Sustente et tente
Le suc éternel fendu
De la chair défendue
D'un arbre d'Éden

En prenant le bonheur par la taille
La vie a coulé des entrailles

***

Femme motion

La lave du volcan
Libère de ton ventre
La cédille de l'ange
Porteur des sensations
De la métamorphose
De ton sang
Couronnant la douleur noble
Qui ruisselle

Femme émotion

Sur ta peau dénudée
Tes fils
Arrachés aux contours
De la loi des étoiles
Récompensent l'accueil tendre
De ton sein concepteur
De ton cœur professeur

***

Dans la maison des mots
Le meilleur d'entre tous
Pourrait être
Celui qui
Tenu à l'écart nourri
Du vent des circonstances
N'a pas encore été
L'élu du concours d'exister

Piètre exclu!
Oublié!
Le sait-on?
Ce non-être

***

Inhumain et glouton
Le ciel n'a pas de ventre
Mais digère pourtant
L'émouvante spirale
Du sablier mouvant
Boulimie inlassable
Des questions sans réponses

Dénoncer la terreur
Qui te glace le dos
A l'idée d'accoster à jamais
Sur la spirale intemporelle
De l'escalier
D'un univers sans fin

***

Sur un tapis soyeux
Fait de plume et de mousse
Portée par la force des cuivres
La Musique possessive
Ennoblie par le vent
Se dissipe dans l'onde
Pour atteindre la pureté
Du cristal

Certains vont choix-porter
Sur les strates célestes
Des Chopin Bach et Vivaldi

D'autres vont s'élever

Sur des variations
Pour une seule voix


Bonheur à ceux
Dont la vague de l'âme
Chavire
Dans les profondeurs de l'oreille
Dès qu'un accordéon tricote
Les soubresauts bavards
Du fil de la pelote
Des mailles du tango

Frissons émancipés
Avez-vous donc des larmes?

***

Ouvrir unilatéralement
Le sésame
Du rêve de voyages
Qui professe une nuit sans bagage
Tavelée aux couleurs
Des palettes secrètes
De l'hypnose
Qui déraisonne

Sous l'effet de la pulpe charnelle
De son intime closerie
Un démon de satin
S'autoproclame otage
Et partage le pèlerinage
Des lubies lubriques
D'une onirique nudité
Portée aux nues

***

En retard
L'amoureux
Interdit et frustré
De l'espoir du matin
Sublime le sillon
De ta chemise ouverte
Pour nourrir à dessein
Son désir affamé
Tout au long
D'une journée sans toi

***

L'ailleurs occasionnel
Coiffe l'illégitime
De tissus de crépon de soi-même
Froissé dans l'incorporel
De pulsions
Vertes et médianes

Au signal du temps divisé
Doublant le cap de bonne espérance
La main de l'intransigeance
Réinvente la démesure

Petit ailleurs
Des retrouvailles
Vaille que vaille
Portes ouvertes
Au vent du large
Des indiscrétions
Autour de l'œil du monde

***

Le poète recrute
Son délire d'iconoclasme
Dans l'onanisme fendu
Des lendemains

Le sexe du texte
Cultive
Le culte auguste
De la sève des vers
Parfumés à la fleur des mots

Alors transparaît
En son endroit
La quintessence
D'un océan
Transparent et mobile

L'étrange
Virginal
S'emporte et virevolte
A la manière
D'une satanique tornade
Dans sa traversée du désert

Le démon de la vie
Éclabousse le zénith
D'une blanche conscience
Tapie dans le soleil
De son épanchement

***

C'est la musique de la neige
Dont les arpèges meurent
A travers l'œil-de-bœuf
Qui parle le mieux
Au Silence

C'est la descente piquante
Du blanc manteau de l'hiver
Sur l'escalier de l'horizon
Qui nous réapprend
La Sérénité

C'est la porte fermée
Et la chaleur
De la cheminée
Qui conduisent
À cheminer
Au rite du culte charnel
De la Réciprocité

***

Avantage ventru
Chu des nues de l'inconnu
Long métrage d'un scénario obèse
Où jubile la vie
Vagues suppléments d'âme
Ressacs perdus
Des plages grenues
De sable fin
Du temps latent

Séduis-moi!
Sereine sirène
Spirituelle jeunesse patriarcale
Petite sœur des lendemains

Déesse d'ambroisie
Accorde à mes jambes ingambes
Le pluriel de la solitude
Amant
Poivre et sel de la vie
Aimanté par l'après
Aimant
Dans son élément

***

À Paul ELUARD!

Sous sa mantille
De tulle incandescent
L'aube indécente
Lève le voile
Sur son ciel de rose-brique

Couchée sur l'ocre du papier
Une plume fantasque
Caresse la joliesse
Des dessous de la lune
Peau d'orange céleste
Callipyge à califourchon

L'extrémité d'un index
En toute intimité
Se pose avec délicatesse
Sur les lèvres charnues
D'une bouche de l'une

Frustré de tout baiser
Poète platonique
De ta lyre délire
Quand les plumes de lune
Volent sur tes épaules
C'est le génie
Élu art sublimé
Qui neige ses pelures
Sur le sel de ta chevelure

***

Fils-amants

File-indiennons-nous!
Faufile-toi!
Fil d'Ariane-moi!
Filigrane-moi!
Filoute-nous
Fil-en-aiguillons-nous!
Parfilons-nous!
Filature-moi!
Ne nous filamentons pas trop!
Philanthropons-nous
Ne filons-mauvais-coton pas!
Philharmonisons-nous!
Je me fil-à-plomberai!

***


Au delà de la langue de bois
Devenir Poète-mémoire
Suspendu
Entre émotion et sensation
Poète-giroflée
Enraciné dans les gargouilles
De sa civilisation

Sur le chemin de ma raison
J'ai brisé le ciment
De mes balbutiements
Ruse enchanteresse
Enivre-moi de nouvelles essences
Du laurier fleur
Couronné dans le secret des Muses

Ringarde sauvegarde
Lucide Poète
Quand le canon fébrile
Censure tes figures
De sensualité
Toute haine à la chaîne
Ne vaudra guère mieux
Que l'idée
De la jambe de bois
Du soldat
De la sincérité

Doute
Sur ta route
Terne et subalterne
Je m'adonne à la virginité

***

Pour toujours
Souvenir gravé
Dans le Phénix
De ma mémoire
De pierre tendre :

Gracile fleur de corail
Métissée de vanille
Au ventre d'une fille
Et l'ivresse
Des larmes de sel
- Hyménée à la Joie -
À la Muse qui m'a offert
Son Icône de Raisins Verts

***

Le gris intime de minuit
Conjugue à l'imparfait
Le souvenir diaphane
De n'importe quel visage
Si cher soit-il
La nébulosité s'embourbe
Dans le cloaque
D'un coït de songes obliques

Derrière le mur
Du tribunal de l'adversité
L'incube utilise sa nuit
Pour récuser
Le monde scrutateur
Et les propos bifides

Le plaisir anticipé
Mouille cette rivière
Qui pénètre la veine
De son propre lit
Ascension vers l'illégitime
Où l'edelweiss carnivore
Dévore les scrupules-inventeurs
De la semence de l'ignorance

Narcisse a dû pétrir
Sa montagne d'oublis
Dans la pâte à sel
Du soliloque de sa faconde
Préférant défiler
Sans ses témoins de plomb
Bien seul devant lui même

***

On se donne nécessairement
Ces occasions de déguster
Dans le calice du passé
Ce vin de garde sirupeux
Qui réinvente la mémoire
Gustative et olfactive
Des millésimes
De la fugacité

On se donne parfois
Ou souvent
Des occasions de boire
Ce vin nouveau tiré
Immodérément
Du cristal translucide
De la perspective
De nos pensées ouvertes
Sur le regard des autres

Et l'on se donne le droit
De s'élever vers ces vapeurs
Fertiles et sublimes
Relevant du domaine
Et de la part des Anges
- Nos vins des lendemains -

***

A l'insu du soleil
Le sommeil se complaît
A reposer la tête
Sur le sein tendre
De la nuit

Douze coups de minuit
Inséminent les heures
Dans le ventre chaud
De la file des lendemains

Alors le raisin de la nuit
Fermente dans ces rêves
Venus de nulle part

***

«Ronde des regards»
En douce
Douce Liberté
Fol attrait!

Tu vois
Je regarde
Nous jetons
Un œil

Faux jeton
L'œil girouette
De la concupiscence
Lucide et translucide
Bouteille à la mer
Se jette
Sur un genou
Je-nous
Pirouette!

***

À Joan Baez :

Issus des replis froissés
De ma mémoire
Combien de papillons
Ou combien de pétales
Nourris de mélodies
Et de coquelicots
Combien de souvenirs
Combien d'ondes girondes
Sont revenus mêler
Leur pollen à l'espace

«Écoute mon ami!»
Sous l'essence des cieux
L'embellie
D'un ruisseau métissé
De paillettes de miel
Et de larmes de ciel
Écoute!
La douce voix d'airain
Hérissant les frissons
Née d'une gorge d'or
Enfantée dans sang du reflet
De la force d'une âme

«Écoute!»
«La réponse est dans le vent»

***

À l'orée d'une nuit de juillet
Une main délurée
Du bout des doigts effleure
L'air des bulles de jazz

Sous le pouls de Toulouse
Une trompette glousse
Son délire feutré
Éclabousse le blues
Avant de s'ébrouer
Dans la tessiture du vent

L'écho complice de l'écho
Défrise ses volutes

Tel le volubilis
D'une oasis occulte
Et déchire le soir
Figé dans sa splendeur

L'encens évanescent
Du monologue enivre
«L'espéranto» très haut
Déclame sa clameur
Conviant aux orgies
De ses noces de cuivre

***

Séquence après séquence
Dans le filtre du ciel qui passe
Moudre le grain de nos instants
Torréfiés à souhait
Pour le meilleur
Donner à boire
L'ivresse de l'instinct
Évanescent
Aux lèvres prospères
Du cosmos

***

Hardie
L'histoire d'ensemencer
Les idées dans la Pierre
De lier le limon
A l'amont du torrent
D'éluder l'instant
Du malentendon d'argile
Avec l'aval
De la nuit des peuples

Tu sais! une chapelle
Tu sais! un harmonium
Tu sais! cette musique
Opposée à l'amer
Tu sais! l'hallali
Du frisson dans le cou
Tu sais! Que l'on ne peut choisir
Le moment de partir
Sous l'arc-en-ciel qui pleure
Tu sais! que sous quarante-huit heures
Entre chair et ciel
La terre fumera
Tu sais :
«Que ma joie demeure»

***

Survivre!
Raviver le feu
Sous la cendre
Le désir se consume
Ainsi que dans un rêve

Surgésir!
De triangles en étoiles
De cinq branches
En cinq sens
Une tige séduit
Une petite fleur
Savoir vivre sa mort
Vertige
Sans remords

Surnaître!

***

Venu d'une nouvelle
Nano-galaxie
Vers le monde
Des gens qui s'aiment
Un regard éclairant
Se fiance parfois
Au fil de soi.
Ou étrenne la traîne
Des matins de satin

Va délire empourpré
Embrasse l'inconnu
Des secondes promises
Aux douceurs que la vie
Convie aux lits de roses

***

Peau-aime!

Pendant que l'œil du deuil
Dissimule ou simule
La nuit écrit un jour nouveau

Est-il un esprit sain
Délivrant du néant
Envahisseur
De sillage en corps sage

Enraciné
Dans le futur du couple
Le rhizome refleurira
Délivrant le sol de la léthargie
Pour des moissons de regain tendre

Sous les soupirs d'un aspirant
Les doigts se croiseront
Sur les bretelles de la Liberté
Et la pierre bloquée
A mi-pente
«Boule-de-neigera»
De ferveur en ferveur
Franches avalanches
Sur le travers-sain
De la consensualité

Alors les bleus de la passion
Brûleront dans les veines avides
Chaudes larmes sombres
Embrasant l'antre d'un autre
Où l'âme sombre
Dans la complicité de l'accomplissement

Couché sur le dernier
Test-amant de la nuit
Le désormais d'un corps
Lourd et sourd
Repose sur le diapason
Du silence de l'autre

Peau-cession

***

Inextinguible feu
De mèche du printemps
Tressé dans l'air du temps
Mangeur de temps
Non pressé d'en découdre
Avec
L'intransigeante infinitude

Le puzzle de la vie
Se porte en bandoulière
Sur le mât d'un radeau
Porté au gré de l'eau
Où décante l'insubmersible
Fleuve Éternité

***

Lui

Généralement singulier
Généreusement pluriel
Le verrez-vous demain
Partir main dans la main
Avec son œil qui luit
Diviser son fantasme
Pâtir
Du masque masculin
Prétendre et tendre
Vers la maturité
D'une homo-gène paternité
Uniquement visible
À la commissure des rêves
LÉON-NOËL
NOËL-LÉON
Palindr-hommes
Camé-Léon


***

Le feu artiste naît
À l'angle d'une rue
Prodigue
Silencieux
Clé
Gourmande des regards
Friands
De regards gourmands

Feu de joie
Succomber sans mot dire
En ces rais de prunelles
Et tomber enjoué
Dans les rets des Chimènes
Fou de joie

***

Passée l'aiguille
Du fil des printemps
Passé le cap
De bonne espérance
Longtemps le temps
Ne dure pas

Affronter le supplice
Des danaïdes
De brumes nébuleuses
De la dépossession
A jamais
Se perdre
Sous la peau de la terre
Passé le crépuscule des yeux

Il est vain d'envier
Le sort de l'animal
Que n'interpelle ni
L'alpha
Ni le malaise existentiel
De l'oméga

Sorti de l'ombre du doute
L'obscur moment viendra
Attendre
Atteindre ce passage ultime
De l'isthme mystérieux
De la vérité
Du meilleur
Touchant alors au pire

Toccata et
Le drapeau du dernier soleil
Déchirera son arc-en-ciel
Au vent ascensionnel
De la fugue de l'orgue

***

Va savoir?
Si la courtoisie du miroir
Te parle avec sincérité
De l'image du jour
Qui fait face
Ou du chemin
Du temps passé

Va savoir!
Si l'au-delà de l'âme
Se pare tous les ans
Des chaudes couleurs de l'automne

Va savoir!
Quand le vent de la chair-amie
Aspire ou fait claquer
L'étendard Baudelairien
De la concupiscence

Pendant que le monde tourne
Va savoir!
Si l'homme avance?
S'il recule?
S'il tombe?

Tombe
Industrie dévoreuse
D'Éternité

***

Ultime auteur
Avant que ne s'allonge
Le Silence
Dans le sillage sans fin du néant
Sirote sans mot dire
L'élixir renaissant
De l'humanité incessante

Va savoir
Si quelque âme
Souveraine des ténèbres
Devenue comète
Visitant l'infini des planètes
Saluera
De la main au passage
Le trou noir du néant

***

À Victor Hugo!

Accordez-moi! le droit
De lester une larme
Sur le récit final
De la «bruyère en fleur»

***