- Haïkus de chez-vous -

- Claude GUIBBERT – 2004 -


Fond d'écran : graphique original de l'auteur détail - RUBANISMES.


Tapis vert d'Aubrac,
Un paisible taureau bai
Use la couleur.

Près de Roquefort,
Des spirales de brebis;
Un berger penseur.

Troupeau de moutons,
Conciliabule ovin
Où tout tourne rond.

Le chien et sa rage
Cerbère des pâturages
Court au surmenage.

Les blanches génisses
Portent l'ombre sur leur dos;
Leur ombre broutée.

Eden d'Orient
Babylone est suspendue
A nos oui-dires.

Allées de pivoines
Le centre du nouveau monde :
Jardins de Métis.

Harmonie toscane
Cyprès-flèches, Cupidon
Borde les allées.

Sublime Alhambra
Les jardins t'ouvrent leurs bras;
Colombe à Grenade.

Une pergola
Deux surprenants magnolias :
Villa Carlotta

Vierge le gravier,
Un topiaire endimanché :
Art prémédité.

Arbousiers en fleurs,
Arbuste aux fruits mutants;
Exhibitionniste.

Projecteur solaire,
Vigne vierge de corail.
Vitrail en automne.

Verticalité,
Il suffit de trois cyprès;
Nouvel horizon.

Les coquelicots
Font fuir la monotonie
Des champs de blés-blonds.

Chemin de rocailles,
Baptisé par la sueur,
Ridé par la pluie.

Pelouse du square,
Cent fourmis et dix limaces
Grignotent la place.

Lendemain d'orage
Rivière de diamants
Offerte au levant.

Vivante Camargue
Les neurones de ton Rhône
Métissent ta mer.

Pourquoi en prison
M'a-t-on mis vil camarade;
Zoo illogique.

Arpents du curé,
Sein du village perché
Béni des oiseaux.

Sous le parasol
L'hallali des cigales
Chasse mon ardeur.

Soleil du matin
Et le bonheur prend racine
Sous mes oliviers.

Fragrances du thym
Foulé au petit matin
Par mille lapins.

A la Saint Martin
Festival des lauriers tins;
Eté clandestin.

Les hortillonnages
Donnent aux marchés sur l'eau
Des couleurs, en Somme.

De potron minet
L'araignée file son oeuvre
Perlée de rosée.


Foi de jardinier
Le cyprès majestueux
Fuit la pesanteur.

Le vignoble d'août
Verse perles et rubis
Dans sa vérité.

Figurant des doigts
Le cèdre présomptueux
Objure d'oukases.
Stéréotropisme,
Seul le lierre lui fait front;
Duo d'allégeances

C'est un artichaut
Qui, à demi dévêtu
Plagia la toupie.

Sous son vert ramage
L'arbouse a confectionné
L'épais Kilim rouge.

Chaleur et repos,
Lecture, au creux du hamac
Où le livre tombe.

Calme pergola,
Une mouche cabotine,
Le chien ouvre un oeil.

Coussinets du chat
Vont dénicher le silence
Au sein de l'Eden;
Le meilleur moment
Entre safran et oseille
Pour peu s'enrichir.

L'amour et l'eau fraîche,
A la faveur du vieux puits
Oui au cabanon.

Le tas de fumier,
Chef-d'oeuvre d'irrévérence
Est incontournable.

Au jardin pascal
Les semis cherchent les cloches;
Les enfants récoltent.

Champ de tournesol,
Bonheur de tous bourdonneurs,
Paye des abeilles.

Au fond de la cour
Une poule atrabilaire,
Un jeune chien fou.

Une plume vole
La volaille effervescente
Impulse le vent.

Perdu en jachère
Un cognassier trop chétif
Avorte ses coings.

Charpies de décembre
Sous l'élégant blanc manteau
Jamais démodé.

Sous le blanc manteau
Délavé par le soleil :
Charpies de février.



Un bénédictin
Qui torture la nature
Sort son sécateur.

Pas l'ombre d'un doute
Un hortensias assoiffé
Maudit le soleil.

Bonheur et pré vert
Joli vert de l'olivier
Ces verts de l'hiver.

Le parc du château
Pérennise la magie
Des hautes futaies.

Le chêne est témoin
Au village des jurons
Rangé des charrettes.

Après les vendanges
Les feuilles mi-sang, mi-or
Vont tourner la page.

Pompons du champ d'ails
Ou l'école des chatons;
En récréation.

L'hiver, les kakis
Donnent au plaqueminier
L'air d'un sapin chauve.



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Claudeguibbert@yahoo.fr