- EMPREINTES DE NUITS D'IVOIRE -
sous-titré :


- Le jour sans compter joue à saute-moutons par dessus l'ivoire lustrée de la lune.

Claude Guibbert - 2004 -

Fond d'écran : graphisme de l'auteur.


A l'insu du soleil
Le sommeil se complaît
A reposer la tête
Sur le sein tendre
De la nuit

*
A l'image de l'iceberg chef-d'œuvre
Qui s'émancipe
Dans la débâcle d'une nuit blanche
Nul ne peut revendiquer
La paternité de ses rêves
Fugaces soliloques en péril
Où quelques leurres apatrides
Dérivent en silence
Portées par le courant
De leur précarité
Vers l'intransigeante éponge du temps

*
Fermons les yeux!
Au fur et à mesure
Que la nuit se consume
La bulle de la lune avance
Et l'esprit s'abandonne
Au vertige
De l'horizontalité

*
Tant de nuitées obscures
Ont dérouté mes pensées
Sur les larges méandres
De l'inconscient invité

Onirographie
Rideau de brumes insondables
Où disparaissent les fantômes
Où apparaissent les fantasmes

*
Plus linéaire que suicidaire
Le soleil
Plonge et nous plonge
A son propre rythme
Dans la cécité
Libérant – prodigieusement -
Par nécessité
Le corps et la conscience
De toute pesanteur diurne

*
L'obscurité de glace
Drapée dans son invisible austérité
Misérabilise
L'irrévocable fauteur de sable
Et l'entraîne pour quelques heures
En direction d'une énième
Traversée du désert

*
Un intense silence
Installe ses reliefs de nudité
Oasis de mirages évanescents
Fuyant la promiscuité
Vers cet oppidum inconnu
De réminiscence
Ruisselante du
MOI

*
Napperon de dentelle
- Péripatéticienne -
Caressée par l'obscur
Avec toi j'entrevoie les noces
Du profil ma nuit

*
A l'heure où les Anges-gardiens se dissipent
Il suffit seulement
De quelques poussières cosmiques
Pour ensemencer nos songes-creux
D'étoiles filantes

*
C'est parce que nous nous aimons
Que chaque nuit
Derrière le voile de mes songes
Je ne m'interdis pas
De déshabiller
(Voluptueusement)
La concupiscence

Blanc-seing pour un sein blanc

*
De grâce
Laissons le verrou fermé!
Je rêve
Donc je suis!
De Grasse.

*


A l'instar du fakir
Marchant sur des fumerolles
Nos rêves noctambules
Piétinent les dernières braises du jour
Pour ensuite virevolter
S'enfiévrer de volutes
Sur le lac gelé
Que nous abandonne la nuit

*
Une taureau naît
Dans l'anthracite du crépuscule
Ignorant les barrières de l'inutile
Soutenant l'insoutenable
Ou franchissant l'infranchissable
Allant même jusqu'à perdre
Le bénéfice de ses deux oreilles
Le taureau sombre
Dans la mare
De l'aube pourpre

*
Les mots vont battre les pavés
En direction des ponts-Levis
De nos intimes ambitions

Mis à part quelques fois le dimanche
Les mots du jour
Paraissent lourds
Sur la catapulte des circonstances

Les mots du soir
Sont les miroirs
De l'idiome des alouettes

*
Pour mieux éclairer mes nuits
Sur l'autel des menus-souvenirs
Je brûle l'essence des parfums
Issus de ces flacons
Où reposent les rêves

*
Douze coups de minuit
Inséminent les heures
Dans le ventre chaud
De la file des lendemains

*
Folle passion
Clorinde souviens-toi
De ces nuits de douce plénitude
Le poète rêvait
Beaux yeux d'une Muse
(Vers?)

*
Trempant les mains dans son argile
Tu façonnes la nuit
De ton credo fragile

*
Qui ne rêverait pas
De revivre à rebours
Le parcours qui précède
Son amertume
Jusqu'à la
Terre ferme
De l'utopie–Palindrome -
De
La
Vie
Du-
Re

*
M'évader dans le soir
Pour tenter de forcer
La porte dérobée
Du réduit contraignant
Panacée
D'une rigueur inéquivoque

*
Œil d'une galaxie
Flamboyant ou torve
Le silence réversible
S'atrophie dans l'opium bénéfique
D'une serre florale
Où va le surprendre
L'épine dure du réveil

*
Un arbre inerte
Vaut la fortune
D'une nuit franche
Un cauchemar
Irrépressible
Scie une branche

*
Dans la nuit le sommeil
N'est que la soie de l'ombre
D'une âme aux multiples replis

*

PP