La ronde des regards :



« ...C'est au détour d'une avenue glissante, le regard fugitif et prégnant, avec un ou une inconnu, ce sentiment étrange, gardant de cet instant une éternité... » (Valére bdh – LAGUNE DE CORAIL -).


« Les joyaux ce sont les mots, les regards, ces petits fils qui nous lient toutes et tous, qui font de nous des humains. » (Valérie Vidal – UNIVERVAL-).

« ...Les yeux ont vu avant de naître et l'on s'épuise dans l'ultime inachevé dans la poursuite d'un monde duel noué de silence... »
(Agnès Schnell).


« ...quand l'oeil toujours vibre tendre dans le regard de l'autrement... » (Huguette Bertrand).

« ...Ton regard s'échappe du vent sur une plume tirée des ailes de la cendre chaude encore de tous les orages... » (Jean Dif).

« ...pluie qui s'ennuie sur les toits comme un vin d'amour qui s'émousse, tu dînes à l'enseigne de Satan Ton regard posé sur la table, les fragments d'yeux ouverts sur des destructions... » (Paul Cosquer).

« Elle pénètre le labyrinthe de leurs ventres, effleure la pointe de leurs seins, s'exaspère dans l'espace erratique, sensible de leurs yeux. » (C. Menahem Lilin).

« Et j'ai cru voir, dans le ciel ébloui où palpitait la clarté des étoiles, les ailes bleues des anges de la nuit qui descendaient en agitant leurs voiles » (Marcek).


Claude Guibbert - Juillet 2004 -


- Seul le regard n'a pas changé!


Premier de cordée
Sur le versant ascensionnel
Des sensations
Le regard abandonne
A la pensée souveraine
Le libre choix tactique
De leurs cheminements

Au bord du gouffre
L'arbitraire déchu
Dévisse vers le précipice
Des nostalgies indivises
Sombre

L'écho
D'un œil interlope
Joue l'équivoque
De l'apparence
De l'ego

***

Ressemblons-nous
Miroirs de convergences
Et dans le présent d'un unique canon
Sculptons chacun pour deux
Une seule volute
Dans le granit rose d'encore

Étrangers habités
Par une seule voix
Nos deux voies fouleront
L'herbe d'un même verbe

Principalement pour l'œil
Prêtant l'oreille à l'incorporel
Attirés sans répit
Vers l'orée du futur
Nous irons jalonner
Ce territoire étrange et intime
De nos empreintes poétiques

***

Dégustons ce caviar
Purifié
Dans la source d'eau douce
Du souterrain de l'émoi

Touchons enfin du doigt
Le triangle brodé
A la main des étoiles

Trouvons dans un mirage
Les réponses aux questions
Non encore posées

Tel un érable ancré
Dans la profondeur
De ses racines
Soutenons l'ambition
Pour nos feuilles
De plaire

***

Voir et revoir
Cheminer dans le ciel
Une folle envolée de bulles de lumière
Exposant leur virginité
A la félicité des étoiles

Ô délire muselé
Vigile
Du printemps de nos certitudes
Boute tous doutes
Hors de nos routes

Voir et revoir
Maints feuillets virtuels
De courriels libérés
Virevolter
De leur timbre léger
Dans l'espace du temps partagé

Trop briève
La fièvre retombe
Et trébuche sur le pluriel
De feuilles mortes de l'hiver
De lasses sollicitudes

***

Aux chemins indiscrets
Des desseins de la foule
Un œil voyeur
Part en voyage
Pour rallier le centre
De la chorale
Des mille regards

De multiples éclairs
Éblouissent les yeux de la ville
S'usent à la croisée
Du temps qui passe
Dépensant leur part d'inutile
Et ne reviennent pas

***

L'abîme noir
D'un regard d'encre
Trempe sa plume
Dans les profondeurs
De la mélancolie

En l'océan du regard blanc
Flairant l'appel du vent du large
Sachons voguer sans retenue
Sur les vagues du regard heureux

***

Le regard édulcoré
Que l'on donne aux Madones
Sublime l'impression
De boire un nectar de velours

Dans le creuset
De la même direction
Elles ont fondu
Les fils d'acier
De leur vierge pudeur

La grandeur de leur nuit
Éloigne leurs non-vus
Sous l'écorce des troncs de leurs rêves
Vit l'embryon des trèves

***

Tapies
Dans l'épicentre mobile des jours
Trente mille pyramides panoramiques
Dérouleront leurs rubans rouges
Sous les semelles du sablier du vent

Aide-moi
Ô cristal de lumière
A délirer au cœur
De l'esthétique apparence du monde

***


Futile phobie
Le fœtus du vieillissement
Futuriste somnole
A l'ombre du miroir
De la Patagonie
Des lendemains

***


La profondeur d'un regard
Envoûtant
Te défie ou t'égare
Œil
Carrefour du monde
Libre échangeur des chemins de l'intimité
Vue
Sœur aînée
De la fratrie
Des sens
Complice
De l'entendement

Le regard voit
L'œil arrange
Dérange

Prépare-toi
Ludique ambivalence
A consommer tes nuits
Sur le paillasson des étoiles

***

Décor en trompe l'œil
Peint sur le mur
Après la pluie
L'escargot visite

***

L'œil
Dessein originel de la séduction
Parfois maladivement
Hante la jalousie
Mais tout regard heureux
S'interdit l'interdit

Furtive la nictation
Inaliénable
A elle-même
Se suffit-elle?

***

Savoir se trouver seul
Étranger
En équilibre
Sur la balance de l'étrange
Avec comme seul rapporteur
Le miroir bavard
De l'à-venir
Savoir vivre
La translucidité de la proximité
Vivre
En éclairant le filament
De son savoir

***

Au passage d'un texte
Les louanges d'une princesse
Prodiguent des caresses
La couleur de son éventail
Prolonge l'éphémère
De la beauté du geste

L'inattendu
S'incorpore magiquement
Au tain incorporel
Du miroir complaisant de l'âme

***

Sur la durée de l'éclair
L'œil écureuil
Collecteur
D'intenses sensations mentales
Ergonomise nos discours
Quant il ne discourt pas lui même

Sur la durée de l'éphémère
Chaque merveille
Jusqu'aux oreilles
Pleut sur le regard entrant
Cristallisant le cristallin

Sur la durée de l'émotion
Au fond d'une poche
Bat le ventricule gauche
De l'âme
Miroir émotionnel de larmes

Sur la durée de l'amertume
Invincible océan
Peuplé de sous-marines déceptions
Qui ne touchent jamais le fond

Sur la durée de l'année lumière
Reconnaître l'inaccessibilité
D'un véritable attouchement
De l'incommensurable
Agrégat des étoiles

L'adversité rit sous son masque
Si tu lui parles de projets.

L'éternité rit sous sa cape
Quand tu lui parles de durée

***

Infime et invisible
Le parcours du brouillard de pollen
Docile métronome de nos destinées
Butine ses propres bulles
Pour que renaisse et demeure
Le meilleur des miels
De la Complicité
De l'accomplissement

Délions
Les cordons visuels
De nos bourses
Offrons-nous
Les fines tranches de pain blanc
Du regard virtuel
Pétri de poésie

***

Vibrez sonorités
Aux confins des reliefs
D'une humeur sans frontière
Humez l'humus de nos travers humains
Transhumez-nous
Vers le ciel possesseur des recueils
Enchanteurs de l'oreille et de l'œil

***

Tu vois
Je regarde
Nous jetons
Un œil

Faux jeton
L'œil girouette
De la concupiscence
Lucide et translucide
Se jette
Sur un genou
Je
Nous
Pirouette


***