---- à Huguette Bertrand ----

Le sourire du jet-d'eau
De son essor diaphane
Capte les profondeurs du bassin
S'invite à la fuite du temps
Capture les couleurs de l'arc-en-ciel
Captive l'apnée de nos songes
Et retourne abreuver la surface de l'eau.

Claude Guibbert – NIMES - Mai 2004 -

Arrière plan – graphisme inédit de l'auteur – RUBANISMES – détail.


    Un beau jour, bel ailleurs -
    ___________________________
    Chausse tes bottes
    En tous lieux
    Va! où la doctrine de l'ailleurs
    Chuchote
    A l'oreille tendue
    De la thérapie
    Des désirs apatrides

    *


    Explorateur du futur
    Tu marches sur l'instant
    Et jouis des faveurs diligentes
    De tes propres mots

    Dans la peau du soleil
    De ton âme
    L'ombre voudrait piller
    Le miel des Anges
    Et longer la virginité
    De cette précaire énergie
    Des lendemains renouvelables

    *

    Toujours
    Ou trop longtemps
    Chercher ce prétendu verrou
    Du portail à battants
    Ouvrant sur l'ailleurs inconnu
    Vers où?
    Quand?
    Comment?
    Pourquoi?

    *

    On se crée des images frêles
    De je ne sais quel nuage grêle
    Modelé par le vent décevant
    Du triangle rugissant
    D'une insurvolable utopie

    L'invraisemblable
    Peut débusquer
    Aux antipodes
    L'ailleurs sublime

    A tire d'ailes
    L'ailleurs attire
    Les migrateurs
    L'hérésie arme son fusil
    Stupide inertie
    Frustrée de sa besace

    *

    J'apprécie singulièrement
    La douceur
    De cette gourmandise
    Qui se glisse doucement
    Dans le pluriel de la saveur
    Du pain d'épices
    De tant de tendres
    Désirs d'ailleurs

    *

    L'ailleurs occasionnel
    Coiffe l'illégitime
    De tissus de crépon de soi-même
    Froissé dans l'incorporel
    De riches pulsations
    Binomiales

    Au signal du temps divisé
    La main de l'intransigeance
    S'intègre dans la démesure

    Petit ailleurs
    Des retrouvailles
    Vaille que vaille
    Au vent du large
    Autour de l'œil du monde

    *

    Ne me demandez pas
    D'avancer sagement pas à pas
    Vers l'ultime voyage
    Sous les fourches ultimes
    De cet incongru calendrier
    A l'unisson
    De ces vertueux du courage
    Qui partagent la vie
    De la sérénité
    Jusqu'aux extrêmes limites
    De la prunelle dérobée
    Du crépuscule des yeux

    *

    Qui refuserait de pérégriner
    Pour le sourire bleu
    De la sirène de la mer
    Perfide enchanteresse
    Qui distribue
    La brise fraîche
    De l'amer
    A ceux
    Qui n'en reviendront peut-être pas

    *

    Il suffit de la trille martelée
    D'un unique jet d'eau
    Pour fidéliser sans effort
    La nomade égérie
    Qui chante l'hymen
    Couru en la mémoire
    De n'importe quel lointain ailleurs

    *

    Douce vie
    Au centre de la page
    D'un voyage
    A travers l'univers du verbe

    Assise au bord de son nuage
    Une plume sincère
    Prolifère et s'allume
    Qui s'insère et préfère
    L'atmosphère féerique
    De la spirale de la sphère
    Sortie du centre des entrailles
    Dans la pagaille
    D'un art nouveau

    *

    Mille regards arborescents
    Habitent l'opium
    De nos yeux clos

    Lieu commun
    Où les fagots
    De nos flamboyants souvenirs
    Flambent sur l'autel
    De nos conques de songes

    *

    Je ne vois pas pourquoi
    Géant Atlas un jour
    Ne se lasserait pas
    De son monde porté

    Dès lors colosse fuis!
    Défroque la torture
    De toute hégémonie

    Clandestin au cœur lourd
    Apostat aux mains vides
    Fuis ton vague à l'âme!
    Cours vite déflorer
    L'intimité de ta sérénité

    Fuis! n'emportant
    Dans ton baluchon
    Que tes rêves étranges
    Ces rêves d'étrangers
    Allégeurs d'allégeance

    *

    Il faut savoir :
    - Partir au large et revenir
    Sans toison ni partage
    - Monter dans le vent
    De l'aspirateur d'inquiétudes
    - Libérer les larmes recluses
    - Franchir l'autre face du mur
    - S'affranchir de l'instant qui passe
    Sans y perdre la face

    *


    L'abeille du stylo
    Flagorneur
    Butine la fleur du papier
    Le meilleur
    Du miel de papyrus
    De lointains jardins
    A portée de la main

    *

    Au bonheur des fratries
    De vapeurs de conquête
    Que l'on allaite
    A compte d'éprouvettes
    De vibrations spatiales
    Et d'infini

    Aux humains harnachés
    Arachnautes dans l'humilité d'un hublot
    Chantres de l'impasse des solstices
    Ne briguez pas le centre
    De l'incommensurable!
    Derrière l'espace
    Il n'y a que l'espace
    Où l'espace n'a pas de sens

    Vertige ombilical
    Heureux car il corrige
    Le fil d'Ariane de la panne
    Et l'opercule de la bulle
    Privée de crépuscules

    *

    Entre le crépuscule
    Et l'aube qui se dérobe
    Je provoque mes soliloques
    Je plonge dans mes songes
    Je nage nu sur les nuages
    Au céans de mon océan
    Les langues de lagunes
    Délitées se délient
    Au soleil du réveil

    *

    Joueur de mots
    Frère des sons
    Jongleur de pauses
    Inspirateur de courants d'air
    La concurrence du silence
    Donne à la pertinence
    Ses lettres de cadences

    Parcours tortueux
    Sur les virages gigognes
    De la Vérité

    *

    Ouvrir unilatéralement
    Le sésame
    Du rêve de voyages
    Qui caresse une nuit sans bagage
    Tavelée aux couleurs
    Des palettes secrètes
    De l'hypnose
    Qui déraisonne

    Sous l'effet de la pulpe charnelle
    De son intime closerie
    Un démon de mousse
    S'autoproclame otage
    Et partage le pèlerinage
    De ses lubies lubriques
    D'une aménité
    Portée aux nues

    *

    L'inconscience à cru
    Chevauche la chimère
    De ses envies d'ailleurs
    Et voyage à l'index
    De ses lointaines habitudes

    *

    Même mille quarantaines
    N'empêcheront jamais
    L'encre vagabonde et bavarde
    De s'épancher sur un buvard

    Atypique taureau
    Tourne et retourne
    Au pacte du ciel
    De ta mielleuse insouciance

    Vagabond d'âge mûr
    Les vagues de larmes sèches
    Du supplice de tes quarantaines
    S'échouent sur les plages
    Des petits matins
    De la terre promise

    *

    Ne cherche pas
    Éphémère courroux
    L'expression de ton masque
    Fantasque
    La dague du gourou
    Bouillonnant
    Dépasse de la communion
    De son ogresse dentition

    Brûle la malle de ton adversité
    Sur le feu du bûcher
    Ambulant
    Nourri de brindilles
    De ton impatience

    Personne ne marche
    Impunément
    Sur la queue du cerbère
    Affamé de poussières
    D'ailleurs prodigues

    *

    D'ailleurs
    Dans sa débauche de clarté
    Qui mieux que l'immensité
    Saurait nous parler de contraste

    Au guichet de sa banque
    Un saltimbanque du couchant
    Pour quelques secondes
    Prête ses rais
    Aux liserets
    De l'aile des nuages

    Le ciel en mouvement
    Continue de jouer
    De la flûte de Pan
    Vers l'abîme attristant
    D'un inaccessible hermétisme

    *
    Sous le regard d'un Ange
    D'âge mûr
    Cantonné au pied du mur du ciel
    Tu perçois des raisons d'avancer
    Guidé par ton ouïe
    Vers les pleurs de Sirènes

    Décalage permanent
    Des heures qui te leurrent
    Au point que tu te jettes
    Dans la gueule du tunnel des circonstances
    Cette cage gardée
    Où l'aile d'une coccinelle
    Frôle la nuque des Anges
    Anges gardiens
    Aliénés à la source du ciel

    Ton ailleurs pétrifie
    Le noyau de tes souvenirs
    Personne ne saura
    Lever les yeux au ciel
    En affirmant :

    - Ce jour là il a plu!

    *

    Qui pourrait redouter
    D'avaler d'un seul trait
    La diagonale
    D'un authentique océan
    Pour venir caresser
    L'image
    Liquide ou solide
    Du si large ruban
    Du fleuve Saint Laurent

    *