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à Janus
et ma bande des quatre.

- Claude GUIBBERT – Janvier 2006 -
Fond d'écran original de l'auteur.


Félicité

A l'aube de sa lumière
La bulle du couple
D'une main généreuse
A pétri le pain
De sa raison-d'être
Afin de partager
Le caviar des moments
Quand s'élargit le cercle
De la vague d'un être
Sur l'océan
Des autres
.


Fort des méandres de son fleuve
Un aïeul a poché le destin
Aux contours de son enthousiasme
Le grain de sable des pas perdus
Offre des fleurs à la beauté
Repoussant l'avancée
Du vent de l'avanie

Deux siècles soliloquent
Dans cette cour commune
Où le scénario des étoiles
Marie les fleurs graciles
A la chenille des papillons
.


Voyageur solitaire
Ici la terre nous ressemble
Nous rassemble
Comme à l'issue d'un long voyage

Le plaisir invité
Te ramène en arrière
Où les branches se sont brisées

Que sont devenus
Les enfants de la nuit
Emportés
Dans la bulle géante
De l'air divisé
.


Réminiscence
Comment parleras-tu
La vérité ne s'écrit pas
Dans la mouvance des châteaux de sable

Heureux sera l'homme fossile
Élevé dans la profondeur
De la mer des étoiles
Envoûté malgré lui
Par la mémoire des lunes noires

Sur la perche tendue
Du temps restant
L'auberge du désir creux
Envoûte l'œil cyclope
Qui court avec la Lune
.


Qui es-tu force des choses?
Qui es-tu grain de sable nomade?
Qui es-tu ombre des choses?
Lumière humaine
Ou force sombre
De la file des lendemains?

Qui es-tu?
Vagabond d'âge mûr
De l'Aura des vivants
Ou semeur tes graines de démagogie

L'enfant que tu auras
Sera et saura
La force écrite
Dans le langage des nuages
.


Les gouttes d'eau jouent des musiques
Et les guitares sont des filles
Les étoiles ne sont
Ni seules ni comptées

Fort du terreau de l'âge
Où l'on aime
Tu sèmes ta pelouse
Sur le sol brûlé
Au sel de tes envies

Ajustant la tresse des astres
Ne laisse pas dormir
L'héritage du regard qui dure
Vis tes chemins verts
Au long feu
De la chapelure des jours
.



Pavillon noir ballotté
Par l'infaillible flot des ans
Tu casses tes galets
Aux ressacs des récifs

Inlassables
Les prouesses du sable
.


Aime le cirque
Des matins ronds
Et le regard félin
Des cieux de lunes bleues

Aime les matins
Aux regards ronds
Des cirques Dieux
Aux cieux
Des lunes félines
.


Jeunesse famélique
Qui picore les corps
Tes jambes jouent
À : je-nous
L'amour haché
Dans le temple d'encore
.


Ma boulimie
De poésie
De fleurs coupées
Cueille les feuilles
Dans l'herbe folle
De nos envies
.


Lueur de fièvre
A la lunette des sensations
Sur le gazon des jours
Tu enfourches tes chimères
A la conquête des oubliettes
Du temps perdu
Et tu navigues
A la dérive de tes flots blancs
Ton étrave arrangue les vagues

Trésorier de l'argent des astres
Garde la flamme du génie
Tel un bon vin
Le courage trace ton image
Bel éclairage
Dans l'opercule des matins

Premier nuage avant la pluie
L'ordre subalterne des jours
Otage d'être
Dont l'ignorance est la lourdeur
Le doute la démesure
Du stalactite
Du temps latent
.




Vecteur de vertes vertus
Venu des forêts baroques
Du mystère de la terre
On a scié ta branche
Et tes rêves sculptés
Gisent dans leur sciure

Écureuil éclaireur
De l'ogive des pensées
Peut-on priver de lendemains
Le réservoir d'un autre
Dont les textes sorciers
Taillés dans sa clairière
S'enracinent déjà
Dans le sol de demain

Si tu dessines ta destinée
Sur l'écorce terrestre
Tu graveras ton cœur
A parité
Dans la lumière et l'éphémère
.


Véloce voyageur
Sur un tapis volant
Porté par la lumière
Tu embrasses le jour
Ton cœur volcan
Étreint les troncs
Et se déchire
Dès les premiers buissons
.


Chevauche
L'échine des chimères
Chemine
Dans le vert d'un rond-point
Le ''oui''
Finit toujours par te donner la voix

Pousse la porte
Jusqu'à l'ouverture
Des failles du sourire
.


Le désert muet
Du royaume de l'ombre
Transforme
En brumes de suie
Les jours immaculés sans âmes
Sans amis
Des terres brûlées
De la nuit
En Enfer de l'enfermement

On sait que la terre
N'est au service de personne
Et on l'oublie
.


Envolé
Ton espoir migrateur au long cours
Envolé
Sur l'horizon fuyant
Fossilisé de Dante
Dentelle
Envolé
Vœux et peux
Envolée
Fantaisie illusoire
Fantôme des mémoires

Quand l'espoir reste au nid
Où couve le désir
.


Du haut de ton pain blanc
Tu sèmes ton grand soir
Dans l'humus onctueux
De ton imberbe perfection
Une planète bleue
A taillé sa réputation
Dans le collectif de l'âge
Où jamais ne manque le temps
Le temps que tu crées
Le temps prégnant

En mariant ton béret noir
Au lustre d'une illustre étoile
Tu transfuses à tes lendemains
Le rhésus pourpre du taureau

Tout au bout d'un filin
Plane ta marionnette
Puis vient le jour
Où la croûte des intentions
Craque moins fort
Et le silence devient miettes

Connais-tu pèlerin
Un seul bâton enraciné
Dans le terroir d'un iceberg
Émancipé sous l'équateur?

.


Le ciel n'est plus aussi bleu
Près de ceux
Qui touchent le soleil
Arrange toi mon ange
Pour servir et savoir
Qui de l'ambition
Ou de la démesure
Écorche jusqu'au sang
La gorge des nuages

Tu préfères le large béant
Sous l'arche ouverte d'un pont
Comme un habile taureau blanc
Avide et furibond
Léché par le soleil
Qui censure le leurre
Du vitrail de la cape

Après l'orage
La foudre du plaisir-étincelle
Va traverser le toit
Toi!


Derrière le mur
De ton âge mûr
Ton horizon brûle le ciel
Au sel gemme de caprices d'enfant
J'aime!



Enivre-toi
De vivre en douce
L'équilibre du lieu de la volupté
Comme on descend en pente douce
Vers sa destinée
Une mer d'huile
Et de jouvence à boire

Aime ton amour
Celui qui joue
Dans le ventre des méandres
Pareil à ce Gardon
Qui nourrit de cailloux
Ses langues de lagunes

Tu aimes ton amour
Cher
Et tu paies au prix fort
Le miroir
De la chair de ta chair
.


Tu es chêne
Et tu demeures
Celui qu'on aime

Du bout des doigts
Tu couvres l'herbe
Et les saisons

Tu es la force
Tu es le temps
Et la lumière du printemps

Tu es la source
Tu es la sève
Tu es le gland
Le regain tendre

Tu es parent et transparent
Tu es maillon et tu es chaîne
Tu es savoir et être
Passeur de mémoire
.


AMOUR!

Au fil des jours
Tu es la pomme
Et la gondole

Parle-nous
Du hamac des saisons
Où chuchote la balancelle
Du mât tendu
Entre l'oreille poivre et sel
Et le miel
Des lèvres disertes
.



Tu vas danser
Joue contre joue
A contre jour
Avec la vie
Qui va pleuvoir
En pluie de jours

Alors ton exigence
Évaporée
Videra la lac
De ta sérénité
.



Perdu
Dans le labyrinthe de tes pensées
Tu boxes
L'espace des ténèbres
Ton luxe de la nuit

Parfois tu voles
A contre-temps
Du froid nourri
De tes angoisses
En picorant
Tel un oiseau de proie
Les gerbes de plumes
Jaillissant
De l'encre noire
Du sang de ta mémoire
.


La perspective
Impétueuse et capiteuse
Ton unique sentier
Descendant des étoiles
Égrènera entre ses mains
Le chapelet des lendemains
Jusqu'à la croisée
Des chemins de personne
Aspiré par la spirale
De la morale
A la pâle rencontre
De l'infinitude

Sur le feuillet de l'essentiel
L'existence s'est tue ou se tue
A mordre le crayon
Au port de mine réversible :
A l'endroit des calices de miel
Sur l'envers les supplices du ciel
.


Tu es
Tu es celle ou celui
Mémorable
Conçu à son insu
Au jardin de jadis
Dans la fureur
D'une étincelle
De l'isocèle
De l'amour

Alors
Si tu le veux
Tu mets le feu
Au javelot
De tes ''je peux''
.


La porte ne peut rester fermée
La fenêtre est un éventail
Où les filles gigognes
Meublent le sable meuble
De notre humanité
Ressacs de douleurs
A la naissance éternelle des vagues

Ton enfant est amour
De l'Amour que l'on sème
Et tu joues enjoué
La musique de demain
Ferveur pour un chérubin
Bercé par l'écho du silence
Au firmament de la quiétude
.


Surréaliste vole!
A crédit et deviens
Hauteur
Credo de ta plume
D'auteur

Quitte la terre
De tes pairs
Mue vers les nues
Épousées par la grâce
De la première fois
Convole!

Ivre d'orgies de vins d'auteur
Embrasse
Les lèvres du livre
Pour qu'elles livrent
Leurs faveurs épicées

De ta pyramide
Des années lumières durant
Tire le fil de l'écheveau de pierres
A la lueur pharaonique
De ton calcaire musical

Dans les fentes
Du fantastique
Tu enfantes
Ta surréalité
Celle qui saura
Donner à partager
Le futur d'un nectar
D'étincelles et de reflets d'oiseaux
Que ta mer aura fermenté
Jusqu'au dernier instant
Jusqu'
Jus
Ju
J
.


Tu empruntes à crédit
Le viaduc de la vie
Tes jours sont semblables
Aux nuages qui disparaissent
Derrière le soleil
Tirés par les haubans du néant

Tu t'enivres de vins
Crus de zestes de lunes
Dissipés par le vent
Et ta plume d'ambivalence
Pressée par la passion
Reviendra ardemment
Dans le silence du matin
Cirer les bottes du nouveau jour
Audace
Go!
Godasses
Aux semelles de l'à-venir
.


Le parcours de l'eau
La couleur du ciel
Le dessein du ciel
Ont noyé le discours
De la roue à aubes
Cernée par la hantise
De ses antécédents

Et les espoirs flétris
Inondent l'estuaire
De la faconde
Gironde
De son reflux
Au goût salé

Qui n'a pas su faire
A souffert
.


Dis-lui
D'un seul regard
Qu'à discrétion
La Lune masquée
Redonne le sourire
Aux filles du jardin

D'un beau geste
Dis-lui
Que ta musique
Famélique
Puisera son essence
Dans le ventre
Des roses
.



Dis-leur
Que le bonheur
S'élève aussi
Sur l'échelle de pierres
Aux marches des chemins

Dis-leur
Que la source d'eau douce
Naît de la caresse
Du sexe du silence
Et du luxe des mousses
De sa tendre suffisance
.


Dis-lui
Que la glycine
Marie l'air et l'amour
Au vermeil du soleil


Dis-lui
Que la quiétude
N'accepte pas de boire
Les larmes tièdes
Du désespoir
.


Dis lui
Que les pampilles
Brillent au ministère
De la grâce des corps
Partagée sur la terre

Dis-lui
Qu'à l'instant du réveil
Un jeune-homme chantait
La vigueur du soleil
A l'oreille des fleurs
.



L'araignée du destin
Bande sa toile
Dans l'espace fuyant
De la fourmilière
Du temps partagé
Au secours du sésame des âmes

Au début
Tu dis tu
Au fusil
De la vie
Qui épaule
Et te tue

Casanière métamorphose
La mort aura
Toujours raison
De ton aura
.


Parle-lui du silence
Parle-lui des douceurs
Da la couleur des fleurs
Parle-lui de la mer
Et des vagues de coquelicots

Parle-lui des senteurs
Parle-lui des genêts
Parle-lui des sentiers
Et de l'humeur de mai

Parle-lui de la soie
Vibrisses enroulées
Dans la délicatesse de la tresse
Des voiles de la nuit

Parle-lui
Dans l'oreille de l'œil
Sous la pergola de satin
Fragile
Comme une fleur de chicorée
Quand la chaleur d'un souffle
Fait vibrer
L'arpège d'un jour nouveau

Si trop vite
Ce jour devient austère
Taureau de feu
Torée l'amour
A la fantaisie de sa cape
Fugace
Tel un château de sable
Emporté par la bombe des vagues


.


Conseillée
Par la mansuétude
L'espérance de vie
Ferme les yeux sur l'infini
Qui néglige ses rendez-vous

Une poussière de sentiment
Se désaltère
Dans l'œil du deuil

Incontestable
Le grain de sable
Au cœur de pierre
Du contre-temps
.


Guetteur du possible
Silencieux et sorcier
Tu soulèves bien avant l'heure
Le couvercle de l'au-delà
Pour mieux humer
Le résidu d'échappée belle
Du temps épargné

Comme l'heure du jour
Derrière la pierre oblique du chemin
A partir de ce jour d'indifférence
Au silence de pierre noire
Le désert reste à porter
Tout seul
Trop lourd
.




Ose porter l'océan sous le bras
Ose regarder le soleil dans les yeux
Ose montrer la lune du doigt
Overdose
Ose!

Militant d'humilité
Observe le silence
Qui te parle
Et tais-toi!
.


Intuition!
Sosie lucide du Soleil
Tu mûris aujourd'hui
Les fruits de l'arbre transparent
Enraciné dans l'hymen-horizon
Où le hasard sustente
De pulpes de répliques
Le placenta des réponses
Aux boulimiques lendemains
.


Un ruban de fil blanc
Au fond des yeux étoilés
Brode le filigrane
Du velours du désir

Tu façonnes ton invisible
Tu fractionnes l'imaginaire
Né du clair de la nuit
A la pruine du jour
Qui se lève et s'enfuit

Parle-lui
Le langage des Dieux
A la mire des cieux
Des mirages de Lunes
Qui frôlent les regards

Chante!
Chante la mer et l'été de tiédeur
Chante la dune de sable chaud
Chante les reflets changeants
Les souvenirs diaphanes

Chante le ressort des corps
Chante le couple
Chante la main tendue des lendemains
Chante le pollen d'amour
Chante le credo du cri
Chante en duo
Hémistiches pérennes
Éclairant la polychromie
Des pavés éternels
Du vitrail des toujours

Sagace
Chante le sein du sein
Chante le dessein du sein
Doux
Comme le son de clavecin

Chante bulbeux
Ceux qui
Par toi
Seront
.


Sous la peau du présage
La corne d'abondance
Lignifie le désir
De nourrir le vide spatial
De la transmutation

De part et d'autre
Des rives de l'oubli
Les rides de l'ouïe
Du peuple stalagmite
Se confondent
Sous l'image inversée
Du lac des signes

Tout au bout du chemin
Laisse ton parchemin
En quête de requête
De conquête
Sur la croix des relais
Brilleront à jamais
Les diamants des noces
Des amants de ta constellation

Poussière de Lune
Poussière d'âme
De Dame
D'homme
De l'une
De l'autre
Être

Atome éparpillé
Au miroir brisé de ta lune encline
Seule la mort sait
Comment commencer
.